Il y a quelques jours j’ai pu vous livrer dans le dernier article une partie de mon ressenti quant à l’île de Zanzibar entre conseils pratiques et compte rendu des premiers jours dans la ville de Stone Town. L’aventure continue ici avec la suite et fin de mon itinéraire et la part d’anecdotes d’un road trip haut en couleur.
Second stop à Kizimkazi
Sur la route toute la sainte journée
Il était tôt le matin quand le cap fut mis vers Kizimkazi, le point le plus au Sud de l’île de Unguja. 3 heures de route nous séparaient depuis Stone Town en scooter. 3 heures durant lesquelles j’ai pu voir défiler sous mes yeux une île de nature riche et verdoyante. Traversant des petits villages, échangeant des regards complices avec les habitants ; tout était plus beau encore que dans mes rêveries, noyée dans les guides d’une librairie. En scooter ou en voiture, la route est définitivement une partie intégrante du voyage. Regarder les paysages défiler sous vos yeux c’est déjà l’aventure.
Fôret de Jozani et invités surprise
Sur notre route, nous sommes passés par la forêt de Jozani, poumon vert au cœur de l’île. Ce parc national de 50km2 seulement, n’est pas moins riche d’une faune exceptionnelle ; peuplé par des centaines de colobes roux, espèce de singe endémique (comprenez qui ne se trouve qu’ici), il vous sera impossible de ne pas en croiser un sur votre chemin ! Pour ma part, les trois premiers ont surgi sur la route, avant que l’on ne décide de s’arrêter et que l’on découvre une dizaine d’autres cachés dans les arbres voisins. J’ai toujours eu une peur bleue des babouins du Cap, de nature parfois agressive. Les Colobes sont tout l’inverse ; calmes et sereins. Leur tête ébouriffée et leur pelage tricolore (blanc, roux et noir) les rendent incroyablement attachants. Rangez vos flashs et évitez de les nourrir pour ne pas bouleverser leurs habitudes et autonomie dans leur milieu naturel. Mais ouvrez grand vos yeux et votre cœur à la rencontre de la faune unique de cette île.
Arrivée à Kizimkazi ; ambiance et ressenti
Arrivée en milieu d’après-midi fatiguée par la route, j’ai été accueillie chaleureusement dans l’auberge Promised Land Lodge où j’ai pu me remettre de ce périple bercée par les marées et les eaux translucides du village de Kizimkazi. Détente dans un hamac, la peau réchauffée par le soleil ; je laissais l’aventure un temps de côté pour profiter de cette plénitude dont j’avais longtemps rêvé.
Les dauphins et le Sud de l’île :
Kizimkazi est le point le plus au Sud de l’île de Unguja. Ce village de pêcheurs est réputé pour ses dauphins qui viennent s’approvisionner dans les eaux peu profondes côtières. Or depuis plusieurs années des habitants proposent des ballades le matin, quand il fait encore frais, pour partir à la rencontre des dauphins ; en conséquence des dizaines et des dizaines de bateaux – à moteurs parfois – partent à la chasse de ces mammifères sur leur lieu de vie ce qui a pour conséquence de les faire fuir ou de les effrayer. Le nombre de dauphins peuplant la région a donc drastiquement chuté et désormais il est de plus en plus rare d’en croiser ; et ce même si vous avez payé pour l’excursion. Mon conseil : d’un point de vue personnel je n’encouragerai pas ce type d’excursion qui ont un impact négatif sur l’écosystème mais si vous choisissez de partir à leur rencontre, assurez-vous que votre guide ne s’approche pas trop près d’eux et n’insistez pas si les dauphins préfèrent s’éloigner.
Troisième stop à Nungwi :
Sur la route toute la sainte journée :
Après quelques jours entre farniente et découverte de la vie locale de la région, me voilà de nouveau en partance pour le Nord de l’île cette fois-ci ! Souhaitant de nouveau tirer le meilleur de la route qui nous sépare de cette nouvelle destination, nous décidons de nous arrêter dans l’Est de l’île sur notre chemin. Entre Paje et Pingwe se cache les plus beaux et luxueux hôtels le long du sable blanc, faisant face à l’océan. Région réputée pour être le foyer des plus belles plages de l’île, il est impossible de ne pas s’y arrêter. Une adresse exceptionnelle à Pingwe retiendra votre attention : The Rock, un restaurant perché sur un rocher comme un diamant brut perdu au milieu de l’Océan. Accessible seulement à marée basse vous pourrez profiter d’un déjeuner, dîner ou d’un simple verre dans ce cadre édénique, à la frontière entre terre et mer. Après ce stop non superflu, nous voilà repartis pour rejoindre notre destination finale.
Arrivée à Nungwi, ambiance et ressenti :
C’est en milieu d’après-midi que nous rejoignons le Nord de l’île et le village de Nungwi. Le temps semble être suspendu. C’est ici que se trouve les quelques-uns des plus beaux lodges de l’île. Au programme ; lecture bercée dans un hamac, diners à la lumière des bougies les pieds dans le sable et sourire XXL. Le soir les jeunes du village viennent faire des acrobaties sur la plage au coucher du soleil ce qui me vaut une série de très belles photos L’ombre de leurs silhouettes se superposant à celles des pirogues au loin, sur la même ligne d’horizon.
Snorkeling ; plongée et invités surprise :
Nungwi est le spot idéal pour les amoureux de plongée ; l’atoll voisin de Mnemba et l’île de Tumbatu offrent un récif coralien idéal pour la reproduction de la faune marine. Dauphins, tortues et multitudes de poissons colorés habitent ces côtes. Partez à leur découverte avec les centres de plongée/snorkeling de Nungwi organisant des excursions quotidiennes de différents types. Attention tout de même sur les tarifs, très disparates, ils pourront passer du simple au double en fonction du rabatteur qui vous introduit. Un conseil d’ami ; marchez le long de la plage et demandez le tarif à plusieurs d’entre eux avant de revenir à la meilleure offre. N’hésitez pas non plus à négocier. Le plus souvent les sorties sont organisées à bord des dhows, ou boutres, voiliers arabes traditionnels originaires de la Mer Rouge, si caractéristiques aujourd’hui de l’île de Zanzibar dont ils peuplent l’horizon. C’est à bord de ce navire que j’ai plongé dans les eaux translucides du Nord de l’île pour une demi-journée de snorkeling. Un banc de dix dauphins sont venus spontanément jouer dans le sillon de notre bateau. Les voir dans le milieu naturel, sans avoir à les poursuivre, fut pour moi l’une des plus belles façons de clôturer cette aventure zanzibarienne.
Les tortues et le Nord de l’île :
Si Kizimkazi est réputé pour ses dauphins, Nungwi est connu lui pour ses tortues. Et pour cause elles viennent se reproduire sur les plages accueillantes du Nord de l’île. Pour notre dernier jour, nous avons visité le centre de conservation Mnarani Marine qui récupère, protège et soigne les tortues de la région bien souvent victimes des humains pour leur carapace, viande et leurs œufs. Elles sont aussi trop souvent victimes des autres habitants de l’océan qui viennent faucher leurs petits avant même que ces derniers ne réussissent à rejoindre l’eau. Ici, plusieurs dizaines de tortues sont soignées et recueillies avant d’être relâchées dans la mer deux fois par an. Le ticket d’entrée est de 5 dollars et votre contribution aide au financement et maintien du petit centre de conservation.
Retour à Stone Town et clap de fin :
Après 10 jours d’aventure à la rencontre de cet archipel dont j’avais tant rêvé il était temps de rentrer. Joseph Kessel avait donc raison : « Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues… ». Ce que j’ai découvert dans l’avion du retour avec pour seule vue le dégradé de bleu turquoise qui se détache du blanc et vert de l’île ; c’est que l’enchantement du début persiste dans le souvenir. Et si l’on ferme les yeux et que l’on se concentre un peu, on peut encore sentir ces odeurs de parfums et d’embruns.