Depuis 1994, chaque 21 mars est célebré le Human Rights Day en Afrique du Sud. Cette fête vise à célébrer les droits fondamentaux dont chaque être humain dispose du simple fait qu’il est humain. Les Sud-africains crient ainsi haut et fort leur rejet de l’Apartheid, qui avait déchu les noirs et les métis de ces droits élémentaires. À l’occasion de cette journée particulière, nous souhaitons revenir sur le parcours de deux personnages essentiels de l’Histoire d’Afrique du Sud : Nelson Mandela et Desmond Tutu. En plus d’avoir vécu dans la même rue au sein du township de Soweto et d’avoir tous deux reçu le prix Nobel de la Paix, ces deux hommes ont en commun d’avoir consacré leur vie à lutter contre le racisme et pour la paix à travers le monde.
Human Rights Day
Origine
À l’origine, le Human Rights Day a été instauré par l’ONU pour commémorer l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en 1948. La date du 10 décembre, jour de la signature de la déclaration, a été fixée pour l’ensemble du monde. En Afrique du Sud, cette date a été déplacée au 21 mars en 1994, suite à l’élection de Nelson Mandela, en mémoire du massacre de Sharpeville qui a eu lieu le 21 mars 1960.
Lors de cette journée, des milliers de Noirs habitant le township de Sharpeville, à proximité de Johannesbourg, sont descendus dans la rue pour manifester contre la mise en place d’un document d’identification obligatoire pour les Noirs, sous peine d’emprisonnement. La police a réagi en tirant sur la foule à la mitrailleuse, faisant 69 morts et plus de 200 blessés, parmi lesquels des femmes, des enfants et des peronnes âgées. Il s’agit d’un des événements les plus meurtriers de l’histoire de l’Apartheid. En 1996, Nelson Mandela s’est rendu à Sharpeville pour signer la constitution du nouveau régime démocratique sud-africain, faisant de cette ville un symbole du renouveau post-Apartheid.
Nelson Mandela, le conquérant de la liberté :
Enfance et formation
Rolihlahla Mandela, Nelson de son prénom anglais, naît en 1918 dans la région du Transkei, aujourd’hui intégrée au Cap-Oriental, en Afrique du Sud. Il est issu de la famille royale Thembu, l’une des tribus de l’ethnie Xhosa. Diplômé en droit, il s’engage très tôt en politique au sein du parti communiste sud-africain. En 1943, il intègre le Congrès National Africain (ANC). Lorsque l’Apartheid est instauré en 1948, il s’engage au sein de la lutte non-violente contre ce dernier.
Engagement contre l’Apartheid et captivité
Après l’interdiction de l’ANC en 1960, Mandela fonde un mouvement de lutte armée contre le régime, Umkhonto we Sizwe (“fer de lance de la nation” en français), soutenu par l’URSS et le bloc communiste. Il effectue des sabotages contre des installations publiques et militaires. Nelson Mandela est arrêté et condamné à la prison à perpétuité en 1963. Durant sa captivité, il fait preuve d’une attitude exemplaire, supportant tous les mauvais traitements qui lui sont infligés sans jamais cesser de défendre ses convictions. Il refuse ainsi plusieurs fois d’être libéré en échange d’un renoncement à sa cause politique. L’injustice de sa situation ainsi que la force de son combat interpellent la communauté internationale, qui organise le boycott de l’Afrique du Sud afin de la forcer à modifier son régime.
Libération et reconstruction du pays
En 1990, Nelson Mandela est libéré, à l’iniative du nouveau président, Frédérik de Klerk, qui souhaite obtenir son soutien pour mettre fin à l’Apartheid et réussir la transition vers un nouveau régime. Mandela est élu président de la république en 1994. Durant son mandat, il lutte contre les inégalités sociales et mène une politique de réconciliation afin de panser les plaies de l’Apartheid. Après cet unique mandat, il se retire de la vie politique mais continue à s’engager pleinement contre la pauvreté et le SIDA. Il décède en 2013 des suites d’une infection pulmonaire. Ses funérailles sont l’un des événements les plus médiatisés du XXIème siècle et près de 100 chefs d’État se déplacent pour rendre hommage à cette figure majeure qui a changé le destin de son pays.
Desmond Tutu, l’évêque au service de la paix :
Enfance et formation
Desmond Tutu naît en 1931 au sein de l’ancienne province du Transvaal, aujourd’hui province du Nord-Ouest. Il passe sa jeunesse et fait ses études à Johannesbourg. Il souhaite devenir médecin mais, les études coûtant trop cher, est redirigé vers une formation d’instituteur par ses parents. Il sera diplômé mais finit par démissionner en 1957 pour protester contre les conditions déplorables d’enseignement offertes aux Noirs. Il se tourne alors vers la théologie et est ordonné prêtre de l’Église anglicane d’Afrique du Sud en 1961.
Engagement contre l’Apartheid
Après l’assassinat de Steve Biko, fondateur du Black consciousness movement et co-organisateur des émeutes de Soweto, Desmond Tutu s’engage activement dans la lutte non-violente contre l’Apartheid. Il participe aux réunions clandestines du Black consciousness movement en visant à y distiller un message de paix et de non-violence. Il critique aussi bien l’Apartheid que les Noirs qui réclament vengeance. Il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1984 et est nommé archevêque du Cap en 1986. Sa nouvelle stature lui permet d’organiser des protestations contre le régime et de soutenir le boycott international de l’Afrique du Sud, notamment celui du charbon.
Artisan de la réconciliation
En 1995, Tutu est nommé président de la Commission de la Vérité et de la Réconciliation, créée en 1995 par Neslon Mandela. Cette dernière vise à mettre en lumière les crimes du régime afin d’aider le pays à panser ses plaies et les communautés à se réconcilier les unes avec les autres. Suite au mandat de Nelson Mandela, il reste une figure très engagée au sein de l’Afrique du Sud, critiquant régulièrement les dérives autoritaires des successeurs de Mandela et organisant des événements internationaux avec des nombreuses personnalités afin d’apporter des solutions aux grands problèmes mondiaux.