Au cœur d’une expérience de décornage de rhinocéros en Afrique

Parler du désarmement des rhinocéros (le retrait de leurs cornes) n’est jamais simple. Pourtant, la réalité est que les cornes de rhinocéros comptent parmi les produits issus de la faune sauvage les plus chers au monde – une valeur ancrée non pas dans la science, mais dans les mythes, le prestige et la cupidité. J’ai eu le privilège de vivre une expérience d' écornage en Afrique. Bien que ce soit déchirant d’en être arrivé là, cette pratique sauve aujourd’hui de nombreux rhinocéros et contribue à préserver cette espèce emblématique.

Pourquoi une telle demande pour les cornes de rhinocéros ?

Depuis des siècles, des légendes urbaines affirment que la poudre de corne de rhinocéros pourrait guérir des maladies comme le cancer ou agir comme aphrodisiaque.

En réalité, ces cornes sont composées de kératine, la même protéine que celle de nos ongles et cheveux. Autrement dit, ronger ses propres ongles aurait exactement le même effet ! Pourtant, cette croyance alimente une véritable guerre dans la brousse africaine, où les rhinocéros en paient le prix.

Se préparer à une expérience qui change la vie

Dès que j’ai su que j’allais assister à un décornage de rhinocéros, j’ai compris que ce ne serait pas le safari classique que la plupart des gens réservent en Afrique. Mais j’étais certaine que cette expérience laisserait une empreinte inoubliable en moi.

Nous sommes arrivés à notre lodge, accueillis et conduits jusqu’aux chambres où nous passerions les prochaines nuits. Cet après-midi-là, nous avons participé à un safari, comme on en vit dans la plupart des lodges, mais pendant cette excursion, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine appréhension face à ce que je vivrais le lendemain.

Mais le spectacle était toujours au rendez-vous : éléphants, zèbres et girafes nous saluaient au passage. La journée s’est terminée comme tout safari devrait le faire : un gin-tonic à la main, admirant un magnifique coucher de soleil.

Assister de près au décornage

Je n’ai presque pas dormi cette nuit-là, et avant que je m’en rende compte, quelqu’un frappait à ma porte pour commencer la journée. Une tasse de café chaud à la main, nous avons pris place dans le Land Cruiser.

Nous sommes partis, filant avec le lever du soleil vers l’emplacement secret où nous devions rencontrer l’équipe de conservationnistes, ou comme je les appelais désormais, les super-héros (inconnus du grand public, mais qui rendent le monde meilleur).

Une humilité pure se dégageait de ces personnes tandis qu’elles nous expliquaient en détail ce que nous allions vivre. Dans le groupe se trouvaient un vétérinaire expérimenté en faune sauvage, une équipe de femmes et d’hommes courageux et impliqués dans le travail de terrain, ainsi qu’un pilote d’hélicoptère qui aurait pu faire partie du casting de Top Gun.

Les questions ont été posées et répondues, nous avons fait plusieurs pauses nerveuses aux toilettes, et lorsque le moment fut venu (c’est-à-dire quand l’équipe a repéré un candidat approprié depuis l’hélicoptère), nous sommes repartis !

Prendre de la hauteur

L’hélicoptère s’est élevé dans le ciel, transportant le vétérinaire expérimenté dont la mission était cruciale : administrer une fléchette avec la dose exacte nécessaire pour sédater le rhinocéros juste assez longtemps pour que l’équipe puisse travailler en toute sécurité, sans lui causer de tort. Avec plus de 30 ans d’expérience sur le terrain, il savait exactement ce qu’il faisait.

“C’est un privilège”, m’avait-il murmuré après que nous nous soyons engagés dans la brousse, suivant leur trace depuis les airs. Après toutes ces années, ces conservationnistes continuent de se battre sans relâche pour ces créatures magnifiques, animés uniquement par un profond sens du devoir et la certitude d’agir pour le bien. Malgré les défis, ils restent émerveillés par la beauté brute et intemporelle de ces animaux.

Décornage de rhinocéros : une expérience minutieuse

Nous avons contourné le gigantesque animal sédaté, qui expirait lourdement à chaque souffle. Elle était munie d’un bandeau sur les yeux et de bouchons d’oreille dans ses oreilles en entonnoir, précautions prises par l’équipe pour limiter la surcharge sensorielle pendant la procédure. Le temps pressait pour tout accomplir avant son réveil.

Le vétérinaire, avec une précision clinique, a coupé la corne jusqu’à la base sans jamais toucher la plaque de croissance (essentielle pour éviter tout dommage permanent). Pendant ce temps, le reste de l’équipe surveillait ses constantes, mesurait et notait ses caractéristiques dans un registre. Mon cœur battait à tout rompre, mes mains tremblaient, et j’avais un désir irrésistible de participer à ce combat.

Le côté émotionnel de la conservation

Mon adrénaline montait en flèche, mais en même temps, mon cœur se serrait face à la dure réalité que vivent ces animaux. Voir une créature aussi majestueuse perdre sa corne, une part de ce qui la définit, semblait contre-nature. Pourtant, je ne cessais de penser : si c’est ce qu’il faut pour la garder en vie, n’en vaut-il pas la peine ?

Y a-t-il une autre solution ? Nous avons posé la question à l’équipe, et bien que la réponse puisse en surprendre beaucoup, elle s’est avérée efficace : légaliser la corne de rhinocéros. C’est un sujet controversé, diront certains, mais si je devais faire confiance à un groupe de personnes, ce serait à celles sur le terrain, qui font le travail et voient la dévastation de leurs propres yeux.

Changer les perceptions

Légaliser la vente de corne de rhinocéros pourrait aider à réduire le braconnage et à sauver des vies. Une régulation permettrait de gérer le décornage de manière responsable et de réinvestir les bénéfices dans la conservation des rhinocéros et d’autres espèces.

Il existe également une théorie selon laquelle, dès qu’un objet devient plus accessible, il perd de son attrait et de sa valeur. Peut-être qu’un jour, les mythes et idées reçues autour de la corne de rhinocéros s’estomperont, et elle ne sera plus ce trésor tant convoité.

Pourquoi le décornage des rhinocéros est nécessaire

Comme je l’ai mentionné au début, la corne de rhinocéros est faite de kératine, et tout comme nos ongles repoussent après les avoir coupés, les efforts de conservation nécessitent de surveiller et de tailler régulièrement les cornes pour décourager les braconniers.

Le décornage n’est pas une solution miracle, mais il gagne du temps. Sans corne, le rhinocéros est moins pris pour cible, ce qui peut faire la différence entre la survie et la mort. Le braconnage est motivé par le profit issu du commerce illégal de la corne. Les braconniers tuent les rhinocéros pour récolter leur corne, vendue sur le marché noir. Ainsi, les équipes de conservation et les vétérinaires effectuent le décornage comme mesure de protection pour réduire le risque de braconnage. 

Le sort des rhinocéros

Le décornage n’endommage pas l’animal sur le long terme. Bien qu’inconfortable, il est nécessaire à sa survie dans les zones où le braconnage sévit. La corne repousse avec le temps, et la procédure est répétée tous les 12 à 24 mois dans le cadre des efforts de conservation continus.

La réalité, c’est que la conservation – aussi humble soit-elle – coûte de l’argent. Il faut des fonds pour maintenir les hélicoptères en vol, administrer la dose spécialisée permettant de sédater en toute sécurité un rhinocéros pesant plus de 3,5 tonnes (3 500 kg), et prendre soin des orphelins et des blessés du braconnage. Et cela ne concerne qu’une seule espèce ! D’autres projets vitaux de conservation luttent tout autant pour protéger les pangolins, les lycaons, les guépards, et bien d’autres.

Comment vous pouvez aider à protéger les rhinocéros

Si vous prévoyez un voyage en Afrique, c’est probablement la faune qui vous attire : admirer la crinière d’un lion, la trompe d’un éléphant ou capturer la photo parfaite d’une girafe ou d’un rhinocéros. Mais la vérité est la suivante : si nous ne protégeons pas activement ces animaux, il se peut qu’il n’en reste bientôt plus pour les observer, encore moins pour les photographier.

Venez pour la faune, mais restez pour apprendre, comprendre – et aider, autant que possible. La conservation commence par la sensibilisation, et c’est un message puissant que chaque visiteur peut emporter avec lui.

Vous avez le choix : soyez conscient de vos destinations et de votre manière de voyager. Informez-vous et privilégiez les lodges et organisations engagés dans la conservation quotidienne, la protection de la faune et la préservation des habitats pour les générations futures.

Voyager avec un but

Le choix de votre hébergement en safari peut avoir un impact direct sur les efforts de conservation, souvent d’une manière invisible. Et si vous avez déjà voyagé en Afrique, il y a de fortes chances que vous ayez déjà contribué à cette lutte sans même le savoir.

Maintenant, imaginez savoir. Imaginez venir en Afrique et faire partie de quelque chose de plus grand – savoir que votre voyage, votre présence, vos choix participent directement à la protection de cette faune incroyable que nous avons la chance de partager. C’est ce type d’expérience de voyage que l’on n’oublie jamais.

Chez Rhino Africa, la conservation est au cœur de notre mission. Chaque invité qui voyage avec nous contribue directement à protéger les paysages, les communautés et les espèces menacées de notre continent. Êtes-vous prêt à laisser votre empreinte en Afrique et à façonner un avenir meilleur ? Créons ensemble le safari africain de vos rêves – avec un vrai sens.