“Aujourd’hui c’est avec le coeur lourd que l’on assiste à l’extinction d’une espèce qui a survécu des millions d’années mais n’aura pas réussi à survivre à l’espèce humaine”. C’est dans ces termes que le compte instagram de National Geographic annonce le décès du dernier mâle rhinocéros blanc du nord qui entraînera la disparition totale de cette espèce.
Il s’appellait Sudan, un vieux monsieur. Bien que protégé 24h/24 par des gardes armés, le dernier mâle âgé de 45 ans nous a tristement quitté des suites d’une maladie.
Cet événement est pour nous l’occasion de faire le point chez Rhino Africa sur la sauvegarde des rhinocéros en Afrique, les raisons pour lesquelles ces derniers sont braconnés et surtout comment aider leur cause.
Rhinocéros blanc et noir ; quelles différences ?
Avant toute chose il est important de distinguer les différentes et principales espèces de rhinocéros dans le monde. Il existe deux types de rhinocéros ; le rhinocéros blanc et noir. Bien que tous deux soient de couleurs grise, sur quels critères se distinguent-ils ?
Rhinocéros blanc
Le rhinocéros blanc se rencontre dans les savanes africaines sous deux sous-espèces :
Rhinocéros blanc du sud : Il y en aurait 18 000 dans la nature, principalement dans les terres d’Afrique du Sud où ils jouissent des nombreuses réserves privées et parc nationaux pour vivre en toute sérénité. Quoique. Le braconnage est encore réel et les rhinocéros blanc sont souvent tués pour leurs cornes même au sein de parcs nationaux. L’espèce est en danger pour ces tristes raisons. Le rhinocéros blanc est aussi moins agressif et timide comparé au rhinocéros noir plus sauvage. L’homme peut ainsi l’approcher plus facilement pour le meilleur et pour le pire. Son manque de méfiance envers l’espèce humaine le rend tragiquement plus facile à chasser.
Rhinocéros blanc du nord : Autrefois se promenant dans la vallée du Nil ou encore au Congo et Ouganda, la sous espèce est désormais déclarée vouée à la disparition après le décès de Sudan, dernier mâle de son espèce. Le personnel soignant du centre de conservation où il résidait au nord du Kenya a choisi d’abréger les souffrances causées par sa maladie chronique en l’euthanasiant. Le seul espoir de perpétuer l’espèce serait donc d’avoir recours à la fécondation in vitro en utilisant les femelles encore en vie et le sperme conservé d’autres mâles, sachant que les deux femelles restantes sont la fille et la petite fille de Sudan.
Rhinocéros noirs
Les rhinocéros noirs sont au nombre critique de 4 000 dans le monde est principalement en Afrique. En comparaison avec son cousin le rhinocéros blanc, le rhinocéros noirs est en danger critique d’extinction et il est urgent de mobiliser les efforts pour le protéger. Il se distingue principalement du rhinocéros blanc par la forme de sa bouche en pointe vers le bas et sa plus petite taille. Sa taille varie de 3 mètres à 3,60 mètres de long pour un poids de 750 kilos à 1,6 tonnes contre une moyenne de 3,8 mètres de long et 3,6 tonnes pour le rhinocéros blanc.
Quant au comportement, le rhinocéros noir est phyllophage et se nourrit des feuilles des arbres tandis que le rhinocéros blanc est herbivore et broute les herbes du sol. Enfin, comme décrit plus haut, le rhinocéros noir est également plus craintif, solitaire et conséquemment plus agressif que ses cousins face aux humains.
Pourquoi sont-ils braconnés ?
Sudan est devenu le visage tangible de l’extinction d’une espèce avec pour principale cause : la violence des hommes. Violence basée sur des croyances infondées de vertus thérapeutiques de la corne de rhinocéros alors même que cette dernière est composée uniquement de kératine ; sans aucune propriétés curatives. La demande, venant essentiellement des pays d’Asie, se justifie pour les raisons sans fondements que voici :
Aphrodisiaque :
La corne de rhinocéros serait un aphrodisiaque puissant. L’accouplement des rhinocéros dure parfois plus d’une demi-heure quand bien souvent la reproduction ne dure que quelques minutes voire secondes chez d’autres espèces. Le comportement sexuel de ces animaux de la savane les dessert et on attribue donc sans fondements des vertues thérapeutiques, tonifiantes et aphrodisiaques à la corne de rhinocéros en poudre.
Anti-cancer :
La corne de rhinocéros serait un anti-cancérigène. Une rumeur selon laquelle un officiel du gouvernement vietnamien atteint de la maladie du cancer serait entré en rémission grâce à l’usage de la corne de rhinocéros a affolé la demande en Asie. Pourtant, aucune de ces vertus attribuées à la corne de l’animal n’est fondée. Composée uniquement de kératine, l’excroissance de l’animal n’a pas de propriétés anti-inflammatoires, tonifiantes ou anti-spasmolytiques.
Pour l’esthétisme et la décoration :
La bêtise humaine étant parfois proportionnelle au potentiel de l’humanité ; en Chine la corne de rhinocéros est aussi utilisé pour créer des objets sculptés comme les coupelles utilisées pour les offrandes. La corne de rhinocéros étant plus cher que l’or, avoir des objets de décoration ou du mobilier à partir de cette dernière serait le signe d’une grande richesse. Chez Rhino Africa on croit plutôt qu’il s’agit du signe d’une grande pauvreté de l’âme, mais c’est une simple question de point de vue.
Comment aider ?
Heureusement de nombreux individus, conscients de l’absurdité du massacre des rhinocéros pour leurs cornes, se battent au quotidien et sans relâche pour sauvegarder cette espèce. Rhino Africa travaille en ce sens, main dans la main, avec l’association Wildlife ACT ; association de défense et protection des espèces en danger en Afrique. L’association multiplie les actions pour sauver les rhinocéros noirs du continent en assurant leur suivi, en enlevant leurs cornes sous anésthesie afin de prévenir le braconnage et enfin en relocalisant les animaux dans des sanctuaires naturels protégés. L’association est sans cesse à la recheherche de dons ou de bénévoles pour aider directement sur le terrain. Lisez l’interview du fondateur de Wildlife ACT, Johan Maree pour avoir plus d’informations quant à comment rejoindre les forces anti-braconnage de l’association !
Le mot de la fin
Sudan est devenu le visage tangible de l’extinction d’une espèce avec pour principale cause : la violence des hommes. Mais pas en vain. Pas pour rien. Sudan sera dans l’esprit de chacun impliqué dans la lutte de la disparition de l’espèce pour agir encore et toujours plus fort. Finalement on aimerait que nos aurevoirs au dernier mâle rhinocéros blanc de cette planète ne soit qu’une façon de saluer d’avance les milliers d’initiatives positives que son décès vont entraîner. Faites partie de celles-çi dès aujourd’hui.